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Ivanov

(40) Ivanov

Année : 2007

Auteur : Anton Tchekhov

Mise en Scène : Christophe Cauvin

Avec

Matthias Chang, Mathilde Devès, Martin Fouquet, Laure-Emmanuelle Lecoq, Elsa Ledunois, Eve Ledunois, Lucie Mercier, Sylvain Meyer, Noémie Trancoso

Note

Musique originale de Julien Bories. Interprétée par Sophie Chassaing (soprano), Sophie Tugas (soprano), Julien Bories (piano) et Romain Chmieliewski (violon).


Ivanov est une histoire banale. Passée, présente, à venir. C'est l'histoire des uns, celle des autres. La nôtre.


Sans jugement, se faisant pur regard, Ivanov nous expose les symptômes, analyse le mal, détecte l'origine de l'irrépressible. Il parle à nos cœurs et fait chavirer nos certitudes les plus ancrées, il provoque en nous une multitude d'échos qui viennent nous interpeller dans les recoins de nos âmes. Combien il est difficile d'être au plus près de soi-même et de chercher à maintenir le cap avec courage et détermination. Combien il est difficile de ne pas se soumettre à la pensée environnante qui se veut rassurante. Combien il est difficile de ne pas rentrer dans la norme. Combien il est difficile de garder, malgré tout, son identité et sa vérité.

Exilés dans leurs territoires intérieurs, les personnages d'Ivanov, impuissants à inventer une issue à leurs problèmes se cognent, s'isolent et s'étouffent.


Ivanov est sincère dans ce qu'il dit mais voit ses actions le contredire. L'Homme, en général, arrive à s'accommoder de ce paradoxe. C'est la douleur humaine, notre faiblesse. Mais Ivanov, lui, ne s'en accommode pas, il est désespérément lucide.

Il en a assez. De tout et de tous. Il ne veut plus rien. Ne plus gérer son domaine. Ne plus rester le soir avec sa femme. Ne plus s'amuser avec ses amis. Ne plus partir en vacances. Ne plus épouser celle qu'il aime. Il a déclaré la guerre à la société qui l'entoure. Une guerre totale causée non pas par la volonté de réaliser certains désirs, mais bien par son manque de désir et de volonté.

Autour de lui, tous tentent de le faire sortir de son nihilisme en l'intéressant par l'argent, l'amitié, par l'amour. Parce qu'ils ont peur du vide qu'Ivanov traîne avec lui. Parce qu'ils voudraient éviter de se remettre en question face à ce gouffre qui se présente à eux comme une forme de contagion.


Ivanov est une histoire banale. Passée, présente, à venir. C'est l'histoire des uns, celle des autres. La nôtre.



Ce qui m'a touché dans le texte de Tchekhov, c'est la sincérité des personnages, de l'histoire qu'il nous donne à voir, à entendre, à vivre. J'ai été traversé d'émotions et je demande aux comédiens d'être traversés par elles, sincèrement comme le vivent les personnages de la pièce.

La sincérité, au cœur d'Ivanov, se devait d'être au cœur de notre travail. Sincérité de cœur, de corps, d'esprit, d'engagement. Sincérité qui ne joue pas sur le pathos mais sur les tripes. Sincérité de l'animal en danger. Sincérité cruelle.


En découle une mise en scène radicale, violente.


Comme à mon habitude, j'ai choisi un décor épuré, poétisé, un style qui puisse sublimer la réalité, la dépasser, la rendre gracieuse, parfois dangereuse. L'utilisation de projections vidéo ou d'ombres chinoises me permet d'appuyer l'importance de l'image, du paraître chez les personnages, ou leur transparence, leur effacement face à ce vide existentiel qui les entoure.

Dans cette œuvre de Tchekhov, bien sûr extrêmement écrite, j'ai voulu insister sur l'aspect visuel par la présence de longs plans séquence, où rien n'est dit. Parce que j'ai voulu raconter une histoire, ordinaire, transmettre des émotions que je vis. Et dans la vie, il y a des moments qui sont de véritables tableaux, silencieux; d'autres où ça parle à toute vitesse. Des moments où les yeux suffisent pour savoir ce qu'il y a dans une tête ou dans un corps; d'autres où on fait semblant d'écouter, semblant d'entendre. On pense se parler et on ne se parle pas. Il y a des gens qui pensent être dans la même histoire d'amour et qui sont pourtant dans deux histoires différentes.

C'est la vie, avec ses fractures, ses distances, ses fusions, ses explosions, ses implosions, ses suspensions…


En découle une mise en scène de contrastes.

























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