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Il Campiello

(15) Il campiello

Année : 2000

Auteur : Carlo Goldoni

Mise en Scène : Bertrand Pascual

Avec

Véronique Barbeau, Christophe Cauvin, Gabriel Chang, Caroline Destermes, Mathieu Haudry, Thomas Herson, Anne-Laure Mangou, Florent Meyer, Bertrand Pascual, Aurélie Vialle.

Note

Chants : Sophie Chassaing, Denis et Michèle Christophoul

Piano : Julien Bories


Février 1756.


Toute la cité de Venise est occupée par le Carnaval. Toute ? Non ! Au coeur même de la ville, les habitants d'une petite place -un Campiello- semblent insensibles au charme des paillettes, des confetti, des masques et des bals. C'est que point n'est besoin pour eux de tapage, ils font volontiers le leur ! De danses, de gaîté, de musique ? Ils ont tout ce qu'il faut ! De divertissements ? Ils jouent au loto, à la "semoule", et sont les acteurs d'un théâtre de rue permanent !


Ils, ou plutôt elles, car le Campiello est avant tout un univers de femmes : deux "vieilles" dont les défunts maris étaient marchand de fruit et savetier ; leurs deux filles qui n'ont pas vingt ans ; une marchande de beignets qui élève son rejeton de seize ans -le seul "mâle" du Campiello, encore qu'un quart de portion ; une jeune orpheline dont le père, noble napolitain désargenté, s'est mésallié à une vénitienne sans le sou. Toutes sont nées et ont vécu dans le Campiello ; la plupart y mourront. Chacune en porte la mémoire, en pérennise les usages, en incarne le verbe, truculent et coloré. Mais qu'on ne s'y trompe pas : quoi qu'il en semble, ce qui fait l'identité du Campiello n'est pas l'omniprésence des femmes, mais le défaut des hommes. C'est autour de leur absence que la vie s'organise. A la fois désirés et refoulés, les hommes alimentent bien malgré eux les commérages, les projets de mariage ou de remariage ; c'est pour eux que l'on se jalouse, se chamaille ou se castagne ; c'est avec eux que l'on s'amuse ; c'est contre eux que l'on se ligue quand le Campiello est en péril.


Et Goldoni de redoubler l'altérité masculine d'une altérité sociale et linguistique en faisant de deux des quatre personnages masculins des aristocrates napolitains de passage à Venise. Le troisième, un jeune mercier originaire d'un autre Campiello, ne sera d'ailleurs toléré par les femmes que parce que sa jalousie farouche est à même d'éloigner les rivaux. Quant au dernier, il n'est pas un étranger. Il tarde à devenir un homme. Pour tout dire, il est même bien dommage qu'il ne soit pas une fille. Le Campiello est une journée de ces gens-là. Ceux que vous ne verrez pas si vous visitez Venise pendant le Carnaval. Nous, qui allons leur prêter nos voix et nos corps, nous savons pour les avoir côtoyés pendant quelques mois combien il est difficile de traduire leurs émotions, leur langage, leur tendresse, leur démesure, leur lumière, sans les trahir. Nous espérons, par respect pour eux et par souci de votre plaisir, n'avoir pas été simplement en visite.


En 1756, Antonio Vivaldi est mort depuis quinze ans.

Giacomo Casanova a trente-deux ans.

Carlo Goldoni quarante-neuf.

Canaletto peint des entrées de palais vénitiens.














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