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Le triptique nyctalope

(12) Le triptyque nyctalope

théâtre

Année : 2002

Auteur : Bertrand Pascual

Type : création de

Etat : termine

Mise en Scène : Bertrand Pascual

Avec

Anne-Laure Mangou

Note

Assistant : Denis Christophoul


Tryptique [triptik], n.m., triple panneau en bois peint ou sculpté dont les deux volets latéraux se replient exactement sur le volet central.

Nyctalope [nyctalop], adj., capable de voir dans l'obscurité/la nuit. La nyctalopie est une anomalie chez l'humain (1562).


Contrairement à l'homme éveillé, qui sait assurément qu'il n'est pas en train de dormir, le dormeur ne se doute pas une seconde qu'il est en train de rêver. Il faut donc que je vous avertisse : quoi qu'il puisse vous en sembler pendant le spectacle, la pièce, qu'un titre aux sonorités cahoteuses tente de gloser maladroitement, est un rêve. Ou plutôt la représentation d'un rêve. Quant à moi, j'aurais préféré vous le celer ; j'aurais même ardemment désiré que vous entriez dans ce rêve, comme tout un chacun nuitamment, c'est à dire par la porte du sommeil. Mais, sauf à vous endormir pendant le spectacle, ce qui, convenez-en, pourrait causer quelque désagrément à l'actrice en train de s'employer pour vous captiver, le moyen de vous faire prendre conscience qu'il s'agit d'un rêve ? Et si même vous vous assoupissiez, ne fût-ce qu'un instant, comment vérifier que ce ne serait pas pour nous fausser compagnie et voler de vos propres songes, voire sombrer dans vos cauchemars les plus angoissants ? Car alors, quelle garantie auriez-vous de passer une bonne soirée ? De vivre un moment oniriquement correct et d'une facture dramatique de qualité ? Quelle assurance de connaître enfin le sens mystérieux du mot nyctalope ? Non, il faut s'y résoudre. Admettez une bonne fois pour toutes que c'est dans l'obscurité d'une salle de spectacle, et de conserve avec vos contemporains que, les yeux ouverts, vous allez vivre un moment de rêve. Il n'est d'ailleurs pas utile de demander à votre voisin de chaise qu'il vous pince !


extraits


Je n'aurais jamais cru que la nuit pouvait être si noire !... D'ordinaire, je ne sais pas, de la noirceur jaillit une ombre ! un contour ! ou l'épaisseur soudaine d'une forme !... Mais là, rien ! pas le moindre repère qui me permette de savoir où je suis !... Je sens bien que mes jambes s'animent, mais pourquoi marcher avec tant de précaution ? Comme si je voulais ne pas faire de bruit, ou que je fusse sur le point de surprendre quelqu'un, ou encore que craignant d'être surpris moi-même, je cherchasse à me dérober discrètement... D'ailleurs, c'est étrange, depuis que je me suis mis à avancer il me semble... je ne saurais pourtant le voir ni le toucher...


Mais il lui semble, je dis bien : il lui semble, qu'il suit un mur, ou plutôt qu'un mur concomitant à sa progression se développe sur sa gauche, s'arrêtant quand il s'arrête, se prolongeant quand il repart, comme un chien d'aveugle marchant dans le pas de son maître… Enfin, il lui semble… De toute façon, il est tellement perdu qu'il ne se reconnaît plus lui-même…










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